Période du 19 novembre au 28 novembre
Météo : chaleur sèche du Rajasthan ; les nuits restent des havres de fraîcheur.
Ambiance : palais et désert

Quitter Pushkar n’est pas chose facile : le moteur de Shere Khan refuse de démarrer et c’est naturellement le moment de s’apercevoir que nous avons oublié nos câbles de démarrage. Bilan : une ribambelle d’indiens s’agitent autour de Shere Khan, font les branchements les plus divers et les pronostics les plus rocambolesques (« changer l’huile du moteur »). En fin de compte, il suffira d’ un « simple » changement de batterie – je dois vraiment commencer à devenir zen pour utiliser le mot « simple » ! Nous arrivons à quitter Pushkar lundi après-midi,  nous repartons avec le tableau de bord en vrille, les manipulations diverses des indiens nous ayant fusillé tous nos indicateurs de commande. Shanti India!

Direction Jodpur – la route est excellente, la ville nous accueille avec son habituel concert de klaxons, sa circulation toute azimut et son nuage de poussière (et de pollution).

jodhpur

Petite visite au garage Ford : le personnel est sympa mais incapable de trouver une solution à notre problème. En contrepartie, le responsable clientèle nous propose l’hospitalité de sa maison et se met en quatre pour nous être agréable, il ira jusqu’à prendre une journée de congé pour aider Roland à démonter le tableau de bord (malheureusement sans succès). Nous sommes dans une famille Rajpouts du Penjab, des passionnés de voiture. Déjà le grand père faisait ses armes en revendant les Rolls des maharadjas en Europe, le petit fils restaure pendant son temps libre des voitures anciennes et revend des Vespa pur style année cinquante en Angleterre. Nous prenons nos quartiers dans une cour ombragée, sirotons du chaî et vivons un intense moment de plaisir sous une abondante douche chaude !

Shere Khan bien au frais, nous partons en rickshaw à la découverte du Fort Meherangarh – depuis notre arrivée en Inde, nous sommes quand même passé de 200 roupies la course à 30 – le métier finit par rentrer! Belle surprise le Fort avec un excellent audio-guide que tout le monde suit avec beaucoup d’assiduité. Dans le harem, chaque femme avait son appartement et pouvait assister à toutes les réunions politiques grâce à des alcôves cachées. Les appartements des sultans sont luxueux avec un mobilier réduit au plus stricte minimum, tout le raffinement est dans le travail de la pierre.

Fort

Le Fort offre une belle vue sur la « ville bleue », mais la circulation intense rend la visite de la ville à pied difficile ; les filles décrètent qu’elles n’aiment pas les villes en « pur » (Jaïpur, Jodpur) et préfèrent les villes en « ar » (Pushkar, Chandigar, …)

Suivant les conseils de notre hôte indien, nous nous décidons de retenter l’aventure d’un restaurant indien et découvrons un haut lieu de la gastronomie indienne : l’excellente cuisine non épicée çà existe et c’est un vrai régal pour le palais !

Cap sur le désert du Thar et Jaisalmer. La chance est avec nous …. nous trouvons tout de suite un hôtel qui nous prête gracieusement son parking, nous sommes au pied de la vieille ville. Découverte de la ville le soir, dédales de rues étroites en pente, des patchworks égayent les murs un peu partout.

Jalsamer

Nous prenons une option pour un Camel Safari. Le lendemain, départ à 8 heures direction le désert. Avec nous, un couple de jeunes français très sympathique qui a pris un congé sans solde de huit mois pour visiter l’Asie. Première partie du voyage en jeep puis toute la famille se hisse avec beaucoup d’enthousiasme sur les dromadaires ….. pour en redescendre avec non moins d’enthousiasme un peu plus d’une heure plus tard! Et pourtant, mis à part la sollicitation de nos cuisses, quel plaisir de cheminer ainsi à travers les dunes. Convivialité d’un déjeuner préparé sur un feu de camp, sieste et nouvelle séance dromadaire pour atteindre des dunes de sable et y établir le camp du soir. Feu de camp, luminosité du désert sous la pleine lune, qualité du silence, fraîcheur de la nuit.

Camel safari 1Camel safari 2camel safari 3

Retour sur Jaisalmer et visite de la ville, cette fois de jour. Au pied de la porte principale, nous avons la surprise de trouver un Bhangshop gouvernemental ( Marijuana sous toutes ces formes : cookies, lassis, etc… ).

Retour sur des routes toujours aussi excellentes ; après quelques hésitations, nous décidons de faire un petit crochet par le mont Abu – heureuse initiative que voilà. Après des jours et des jours de paysages semi-désertiques, c’est une verdure exubérante qui s’offre à nous, des cascades, des arbres centenaires et des palmiers (à 1000 mètres d’altitude !) et nos amis les singes sont de retour.

Mont Abu

Promenade autour du lac avant de partir à la découverte du site de Delwara. Ce sera la deuxième très grande surprise de la journée : une merveille de sculpture du marbre, des milliers de figurines, de petits éléphants, des tigres, des Shivas , le regard ne sait où s’arrêter. Enfants et adultes restent bouche bée . ….. le Taj Mahal est définitivement battu.

Temple

Période du 28 novembre au 3 décembre
Météo : à la chaleur séche du Rajasthan succède la chaleur humide du Gujurat, nuits agréables, avec une moindre amplitude de température.
Ambiance : nature sauvage ( routes en conséquence), plage et palmiers.

Nous parcourons d’une traite le chemin jusqu’à Rajkot où nous attend un ami de ma cousine. Dès notre arrivée dans la ville, nous sommes pris en charge par Joshi. Administrateur et coach dans la piscine municipale, il nous y installe manu militari. A nous un bassin de 50 mètres, idéale pour délier nos muscles encore douloureux après notre excursion en dromadaire. Déjeuner dans un restaurant (aïe les épices) , repas du soir chez un ami à lui : nous mangeons …. des mets épicés… sous les regards hilares de toute la famille.

Le lendemain, départ pour une visite du Gujurat. Ici, l’eau est omniprésente, partout s’étendent des cultures : coton, canne à sucre, banane, riz, …. . Après nous avoir fait goûter de la canne à sucre pris à même un champ, Joshi nous engage sur 80 km de piste cahotante à travers une réserve naturelle pour terminer notre course chez un ami qui possède une maison en bordure de réserve. Petite visite du domaine : des lions passent ici tous les soirs et viennent s’abreuver au point d’eau jouxtant la maison, nous apercevons des daims et des antilopes, l’air est pure, l’eau claire. Certaines nuits, un léopard vient s’installer sur la terrasse. Nous n’aurons pas la chance de voir l’un ou l’autre et devrons nous satisfaire du rugissement d’un lion à 6 heures du matin.Direction les plages de Diu. Visite du Fort , très militaire, fonctionnel et européen, puis belle crique et baignade. Nous sommes saisis par un sentiment d’irréalité : le calendrier affiche le 1er décembre et nous sommes allongés sur un plage au soleil – la France nous semble très, très loin.

Retour sur Rajkot en passant par le temple Shiva de Sommath et une autre partie de la réserve naturelle de Gir …… et cette fois le lion est au rendez-vous.

lion Gujurat

A Rajkot, par les jeux des relations, nous sommes dirigés sur le garage d’un passionné de voitures étrangères ; voiture de prédilection : Mercedes, mais dans la cour, des BMW et surtout des anciennes américaines, des Austin et maintenant Shere Khan.

Garage Rajkot

Et pendant que les mécaniciens s’activent, tout le monde bien au frais dans les locaux de la piscine municipale se met avec énergie aux devoirs du CNED.

Petit bilan : les highways sont souvent en très bon état, les autres routes dans un état satisfaisant, le plus difficile est la traversée des villes et villages dont l’état des routes est très médiocre. Peu de stations essence prennent la carte Visa, par contre dans les villes, les distributeurs automatiques sont très faciles à trouver. L’approvisionnement en eau est facile : chez le particulier, à l’hôtel ou dans les stations d’essence. Pour les courses alimentaires, des petits marchés de fruits et de légumes un peu partout, le choix en épicerie par contre est plus restreint et très variable d’une échoppe à l’autre. Je regrette de ne pas être plus experte en cuisine végétarienne, mes repas manquent de diversité. Nous commençons à nous habituer à faire visiter Shere Khan et à être pris en photo, tous les enfants se sont familiarisés avec des rudiments en anglais et savent faire la différence entre une poignée de main amicale et une poignée de main payante.

Côté enfants : Patrick développe une passion pour le chaï et devient plus hardi dans ses choix alimentaires. Il discute facilement avec les indiens qui l’abordent. Il faut dire qu’en Inde à 16 ans on est un adulte et on le traite donc en conséquence. Mathilde reste intimidée par le regard des indiens et défend assez férocement son intimité. Sarah se découvre des qualités de cuisinière et me seconde et me remplace souvent avec efficacité dans la cuisine. Elle n’aime pas l’agitation des villes, mais apprécie la multitude et la diversité des animaux que nous croisons. Samuel reste le point d’attraction de notre famille, lui aussi ne se lasse pas de s’extasier devant un singe, un écureuil ou des chiots. En tout cas, tous se sentent à l’aise en Inde. Il est vrai qu’ici humains et animaux vivent en parfaite symbiose et cela est encore plus frappant dans les réserves naturelles : à notre approche, les animaux ne s’enfuient pas – je suppose que des décennies sans chasseurs doivent y être pour quelque chose.