Période du 17 janvier au 2 février
Météo : juste comme il faut avec une tendance orageuse
Ambiance : juste comme il faut avec une tendance orageuse ?

17 janvier : les journées sont toujours paisibles au Lantana Guesthouse avec des conditions optimales pour nous consacrer au CNED ; il faut dire qu’une douce inquiétude commence à saisir les enfants qui doivent retrouver les bancs de leurs écoles respectives le lendemain des vacances de février. Quel sera leur niveau ? Quel accueil vont leur réserver les copains et les enseignants ? Pour la détente, il y a le home cinéma et les quelques 300 films de la vidéothèque de Jean-Marc et la piscine qui continue de faire la joie de tous.

Les freins de Shere Khan, commandés en France le lundi nous arrivent dès le vendredi (alors que Ford India continue de nous envoyer des messages comme quoi leurs équipes tentent l’impossible pour nous satisfaire) et sont montés de main de maître le samedi. Roland profite de cette halte pour déclarer une rage de dents spectaculaire – ce qui nous permet de constater que 1° il obtient un RV dans la demi-heure qui suit son appel , que 2° la clinique est bien équipée, que 3° le travail est fait avec douceur, amabilité et compétence et que 4° les honoraires sont plus que raisonnables, ils correspondent quasiment aux plafonds de remboursement de la Sécu. Le tourisme médical a de beaux jours devant lui ! Pour ne pas être en reste, alors que notre départ est imminent, je reste  clouée dans un fauteuil (tour de reins ? lumbago ?) , ce qui me vaut les services d’urgence d’un ostéopathe aurovillien (et français de surcroit); séance à la fois spirituelle et vértébrale – bref, vivifiante dans tous les sens du terme …. et surtout bigrement efficace !

Finalement, malgré la douceur de vivre au Guest house, (c’est à qui mitonne les meilleurs petits plats, entre les guests, Vali et Jean-Marc ), les discussions sympathiques avec les autres hôtes (spiritualité avec Victor et Swali, loisirs créatifs avec Stéphanie et Sophie), les chaïs, le petit air frais et la piscine, nous reprenons  la route le mercredi 23 avec un Shere Khan rutilant. . Je fais des adieux émouvants à Vali, mère courage à l’indienne, dont le sourire aura accompagné chacune de nos journées, et ce malgré un mari handicapé et les problèmes de santé de ses deux enfants.

Nous empruntons la « Scenic Beach Road » et pour une fois, la route mérite presque son nom ; elle est bien « scénique », même si elle ne longe pas vraiment la plage.

Route côtièreNombreuses lagunes, champs de riz dont nous pouvons étudier les différents stades de production, profil des cocotiers à l’horizon,

 

 

3 petits cochonsimages pittoresques de tas de paille qui nous font à l’unanimité penser à l’histoire des 3 petits cochons,image insolite de ce qui pour nous évoque un rassemblement de taupinières géantes.

Premier arrêt : Mamallapuram et ses monuments taillés dans la pierre. Le guide bleu accompagne notre visite du site, et il est certain que sans l’extrême précision de ces commentaires, bon nombre de subtilités nous auraient sûrement échappé. A vous de juger !

Fresque éléphant« …on retrouve, portées à l’excellence, les qualités propres à l’art indien témoignant d’un goût prononcé pour la nature observée dans ses moindres détails : ainsi, ……, les jeunes éléphants qui dorment ou cabriolent sous la protection des adultes, ….. ,

Fresque chat un chat gagné par la méditation des sages, dressé sur ses pattes dans une position de yogi, pour la plus grande joie des souris et des rats qui  gambadent  autour  de lui. »

 

 

 

Le premier soir, nous retrouvons Jean-Marc (et oui, toujours le même) , venu accueillir ses parents à l’aéroport de Chennai. Du coup, nous bénéficions d’un emplacement privilégié sur le parking d’un hôtel de luxe avec, pour ne pas perdre l’habitude trop vite, une immense piscine. Notre retour au nomadisme se fait en douceur.

Cap sur Chennai. nous abordons la ville à travers la zone portuaire : enchevêtrement de huttes en feuilles de palmier, de tentes, nuage de pollution, nous voilà brusquement replongés dans une autre réalité de l’Inde. Lors d’un arrêt vidange de Shere Khan, je reste sans voix devant une indienne qui vient se laver les mains dans les eaux sales qui s’écoulent. Nous parcourons la ville du Nord au Sud et d’Est en Ouest pendant près de 4 heures sans repérer d’endroit nous invitant à nous poser et décidons donc de zapper la visite de la ville. Mais apparemment Chennai n’en a pas fini avec nous : nous nous perdons dans le dédale des rues et nous retrouvons, de nuit, sur des pistes cahotantes mal éclairées dans la zone industrielle : odeurs de poisson (pas frais), odeurs d’engrais et de potions peu recommandables, alternance d’usines et de campements sommaires, yeux hagards des travailleurs dans leurs abris de fortune; bref, l’endroit ne figure pas dans le Guide bleu. Finalement, après bien des errances, nous retrouvons avec soulagement la NH 5 , notre nouvelle compagne après la NH 17. Les enfants se croient déjà de retour en France : la NH 5 est une magnifique 4 voies, asphalte lisse, marquage au sol , seul l’habituel lot de chèvres, vaches et véhicules à contresens permet d’identifier cette autoroute comme 100% indienne.

NH 5Et nos yeux ont du mal à y croire : il existe même des stations d’autoroute! Dans les rares qui sont déjà ouvertes, nous faisons figure de pionniers et avons un staff d’au moins 10 personnes à notre service. La plus fréquentée tire ce commentaire laconique de Sarah : « C’est bon, ça sent l’oeuf pourri il doit y avoir des oeufs ». C’est que nous sommes dans le Sud, et si la nourriture était épicée dans le Nord, elle l’est au centuple ici; L’omelette est donc devenue un de nos plats de base en ayant bien soin de préciser à chaque fois que nous la voulons sans rien, vraiment rien du tout, même pas une toute petite pincée de poivre.

C’est ainsi que d’omelette en omelette, nous arrivons à Visakhapatnam, non sans avoir réparé notre première crevaison (un énorme boulon planté dans un pneu arrière, sûrement un souvenir de nos errances à Chennai ) et avoir passé notre premier check-point à bakchich. Une excellente surprise cette ville mentionnée dans aucun guide : de la verdure, de grandes artères de circulation et un bord de mer digne de la promenade des anglais, alternant statues et vestiges militaires. Nous sommes sans aucun doute dans un quartier aisé :

Visakh..

immeubles propres et soignés avec gardiennage, supermarchés (des vrais, avec des caddies, des cornflakes et du lait en brique) et signe qui ne trompe pas, des indiens qui promènent leurs chiens en laisse – nous croisons ainsi un dalmatien et même un teckel obèse – du jamais vu jusqu’à maintenant. Comme d’habitude, nous bénéficions de toute l’attention des indiens , mais cette fois-ci, ceux qui nous abordent ont des 4×4 tout neuf, des montres en or, d’étincelantes pierres précieuses aux doigts et le dernier téléphone I-Touch d’Apple à l’oreille. Tous parlent un anglais impeccable, trouvent le prix d’un camping car neuf dérisoire et attendent avec impatience l’arrivée des premiers modèles en Inde. Un indien nous montre le modèle d’un Van qu’il vient de commander : climatisation, double écran Plasma (dans les deux sens de conduite) et micro-ondes; le même indien reste bouche-bée d’envie devant notre Shere Khan, avec son couchage pour six, ses feux de cuisson et sa douche. Un propriétaire de plusieurs centres commerciaux insiste pour nous inviter à déjeuner chez lui: nouvelle séance de repas sous les yeux de la famille réunie; cette fois il s’agit de manger le riz et sa sauce avec les mains. Facile ! En guise de remerciements, nous emmenons sa femme, sa fille, ses deux belles soeurs, et la cuisinière et sa fille pour une promenade : fou-rires assurés, elles veulent toutes continuer le voyage avec nous ! Nous passons 3 jours à Visak (appellation courante), les enfants nourrissent quotidiennement avec joie non pas des vaches mais des rats (qui habitent les canalisations, modernisme oblige) et le soir, nous swinguons tous ensemble aux accords de « Om Shanti Om » , la musique d’une récente production bollywoodienne. La veille de notre départ, nous assistons à un événement incroyable: un orage éclate ! En quelques secondes, les rues se vident et 5 minutes plus tard, l’eau atteint la hauteur des genoux à certains endroits ; devant nous passent des torrents d’eau charriant ce que la ville a pu produire de poubelles.

Une demi-heure plus tard, la vie reprend, seules les routes jonchées de poubelles témoignent encore de l’incident ; à 7 heures le lendemain, tout aura déjà été balayé et nettoyé.

Autoroute buffleSuite de notre remontée vers le Nord. A la sortie de l’Andhra Pradesh, nous nous étonnons d’être les seuls sur la route avec quelques troupeaux de buffles d’eau et de chèvres.

 

Fin autoroute

Quelques kilomètres plus loin, nous avons l’explication de notre solitude : l’autoroute s’arrête brutalement, sans panneau ni barrière. Bienvenu dans l’Orissa ! Et puis, il fait 25°C, ça caille ! ! (citation de Patrick)