Inde : Période du 3 au 13 février
Météo : enfin hivernale (c’est-à-dire autour des 20 °C ) pluie et soleil
Ambiance: temples, tigres, trous,

Malgré la fin brutale de la NH 5 (carnet n°17), nous nous engageons confiants sur les routes de l’Orissa.et dans un premier temps, notre confiance n’est pas déçue. Nous ne sommes plus sur une belle 4 voies, mais quand même sur une route dont l’état peut être qualifié de moyennement à bien carrossable. Ce qui frappe d’entrée par contre, c’est l’extrême pauvreté de cet état, qui tranche avec « l’opulence » de l’Andhra Pradesh. Les maisons sont de simples cabanes,

Cabanes Orissa

les quelques échoppes proposent un assortiment des plus restreints, même l’eau en bouteille s’avère une denrée rare, et les prix sont divisés par deux par rapport au reste de l’Inde. Dans les champs, tout le travail s’effectue encore manuellement,

travail champ

nous sommes très loin de la concentration de tracteurs John Deer et de moissonneuses-batteuses New Holland observés dans le Tamil Nadu.

Premier objectif : Puri et son temple dédié à Krishna, avatar de Vishnou, sous sa forme de Jagannath (heureusement qu’il y a le Guide bleu !!). Le temple est toujours en activité, donc interdit aux non-hindous, qui doivent se limiter à observer l’ensemble du toit de la bibliothèque adjacente (contre une petite contribution naturellement), mais la visite du site permet d’observer la ferveur religieuse à l’indienne. Des pèlerins, des pèlerins et encore des pèlerins,

Pèlerins

des mendiants, des statues, statuettes et tableaux des divinités du temple, des colliers de fleurs, des mortiers pour les diverses préparations; bref, mille et une choses pour entretenir la foi et s’attirer la bienveillance des esprits. A côté, de nombreuses bricoles permettent de satisfaire des touristes attirés par des valeurs plus matérielles.

Deuxième objectif : Konarak et son temple du soleil dont nous faisons la visite de nuit (?) grâce aux illuminations mises en place, ce qui nous permet de bénéficier d’une visite dans une quasi-solitude, un moment bien rare en Inde et bien reposant après les foules de Puri. Toute la famille trouve dans ce site archéologique, chef d’œuvre de la sculpture de la pierre, de quoi la séduire : Sarah se réjouit des nombreuses sculptures d’éléphants, Mathilde imagine des scènes majestueuses d’offrandes au dieu du soleil, Samuel et Patrick jouent à Indiana Jones entre le dédale des colonnes du temple et Roland et moi sommes interpelés par l’abondance des scènes érotiques dont le Guide bleu a totalement occulté la présence. L’occasion pour tous d’une petite intrusion dans le monde du tantrisme qui rime avec l’élévation de l’âme vers Dieu et non l’inverse.

Temple du soleil

Troisième objectif : Bhubaneshwar et ses 500 temples. Suite à une légère blessure au pied à l’occasion de la visite de l’objectif deux (troublée par les sculptures ? ) , nous limiterons la visite à un tour de la ville avec Shere Khan.

Quatrième objectif : la réserve naturelle de Nandan Kanan et ses 32 tigres, dont 13 tigres blancs, car nous ne pouvions décemment pas laisser repartir les enfants en France sans avoir vu ne serait-ce qu’un seul tigre. Si la visite apporte la joie de voir de près des animaux, dont quelques uns en voie de disparition, nous ne pouvons nous départir d’une certaine tristesse devant l’exigüité des cages et essayons de sensibiliser notre joyeuse bande à l’importance de laisser vivre chaque espèce en liberté dans son biotope.

Tigre blanc

Retour sur Bhubaneshwar pour prendre la route de Calcutta. A la sortie de l’Orissa, nous traversons un genre de no man’s land avant de rejoindre le West Bengal : les suspensions et amortisseurs de Shere Khan sont durement mis à l’épreuve, nos os secoués dans tous les sens et il faudra toute la dextérité de Roland pour traverser à une vitesse de 1km/h environ 10 km de « nids d’éléphants ».

Arrivée sur Calcutta. Nous manquons la voie de contournement (qui veut bien nous offrir un GPS ?) et nous retrouvons en plein milieu de Howrah, ville jumelle de Calcutta. Circulation intense, délabrement des maisons, foule des sans-abris, omniprésence des taxis jaunes, le décor de la ville est planté. Une fois n’est pas coutume, nous prenons une chambre d’hôtel (suite familiale pour 6 – tout existe en Inde) pour faire dans la plus grande sérénité (??!) les bagages et préparer le départ imminent des enfants pour la France. Côté douche, nous nous heurtons à la couleur rouille de l’eau s’écoulant des robinets (à laquelle il me semble on n’a pas encore découvert de vertus thérapeutiques) et nous mesurons le luxe de notre Shere Khan par rapport aux conditions de vie indienne. Petites escapades dans la ville de Calcutta,

Calcutta

dernières courses, coup d’œil sur le Victoria Mémorial, traversée des quartiers pauvres.

Pour les repas, il faudra faire une croix sur les omelettes et le poulet, interdits à la vente pour cause de grippe aviaire. Je ne sais pourquoi , il se dégage de cette ville une ambiance particulière, une certaine douceur – Calcutta me fait penser à une vieille dame digne, mais défraichie.

12 février : le moment tant attendu et redouté est arrivé. Nous déposons les enfants dans un aéroport année 1970, tout petit, riquiqui, pas de duty-free shop, même pas de quoi partager un dernier petit déjeuner. 9H40, l’Airbus 320 des Emirates Airlines prend son envol , direction Dubai, puis Paris…… une page de cette aventure se tourne. Je suis contente que mes enfants retournent en France en bonne santé, tous plus mûrs qu’à leur départ, avec des milliers de souvenirs et d’images dans leur mémoire. Nous avons partagé ces 6 mois de vie commune de façon intense, renoué des liens, pris le temps de vivre ensemble. C’est ce temps et cette qualité du contact qui me permet de bien vivre cette séparation.

Roland et moi reprenons la route toujours un peu plus vers le Nord. Shere Khan nous parait bien vide et calme – il va nous falloir quelques jours pour nous habituer. L’état des routes est très moyen, que de secousses et de trous, la progression est lente. A quelques km de Calcutta, nous avons la surprise de voir sortir un camping car d’une station service devant nous et faisons la connaissance de Frank, voyageur solitaire allemand. Nous décidons de faire un bout de route ensemble (il est équipé d’un GPS, lui) et comparons nos anecdotes de voyage et de vie, semblables en bien des points ; voilà une équipe de 3 tigres (année 62, horoscope chinois) qui va donner du fil à tordre aux indiens.