Période du 29 février au 12 mars
Météo : merci à l’inventeur des polaires
Ambiance : administrative, mécanique, bouddhiste

Samedi matin : nous avons de la chance et trouvons une station d’essence qui accepte de nous délivrer 10 litres de leur précieux liquide. Shere Khan, du haut de ses nouveaux ressorts, se lance avec énergie et enthousiasme sur la route panoramique qui permet de rallier Kathmandou. De virages en épingles en virages en épingles, d’éboulement en éboulement, nous montons de 525 mètres à 2 320 mètres ; malgré la brume , le paysage est majestueux.

Paysage route de Katmandu

La raideur des pentes n’empêche pas une intense activité agricole, le moindre lopin de terre est exploité, le tout manuellement. 500 mètres plus bas, la plaine de Kathmandu : nous y sommes arrivés !!! Premier aperçu du trafic népalais : voitures plus nombreuses, absence de vaches, un peu moins de klaxons, le clignotant est de nouveau utilisé, Roland doit changer ses habitudes. Nous trouvons un endroit au calme sur le parking de l’Alliance française, une manière comme une autre de se replonger dans un peu de culture occidentale, et faire des choses totalement inutile comme lire le dernier ELLE par exemple.
Dimanche : après une rapide visite de l’« United World Trade Center », complexe commercial moderne, nous nous immergeons dans Thamel, le quartier touristique.

Centre Katmanducentre Katmandu

Dédale de rues, multitude de shop proposant au choix de l’équipement de montagne (contrefaçon des grandes marques à des prix défiants toute concurrence), de l’art tibétain, des pashminas, des châles en poils de yaks, l’indispensable pour le touriste en perdition dans cette Asie lointaine (Nutella, Kellog’s, Milka, Evian, Bounty, Mars et Snickers ), ainsi qu’une large panoplie de restaurants de toute origine (italien, français, américain, thaïlandais, ….) avec dans certains des toilettes propres (là, le luxe atteint vraiment son comble ! ).

Lundi, c’est journée Ambassade, 5 heures de queue pour déposer notre nouvelle demande de visa pour l’Inde. Mardi, c’est au tour du service consulaire suisse pour une lettre d’introduction pour le Pakistan. Comme à Ankara, l’accueil est des plus courtois … et la lettre promise pour le lendemain. Direction l’Ambassade de France pour la même demande : comme à Ankara, l’accueil est des plus froid et devient même franchement désagréable. Le service consulaire refuse de nous faire la lettre. A titre anecdotique, quelques extraits du dialogue :
« mon compagnon et moi voyageons ensemble en camping-car et il vient d’obtenir sa lettre d’introduction par l’Ambassade de Suisse ; est-ce dire que je ne peux pas continuer le voyage avec lui ? »« C’est à vous de voir. »« Il semblerait que je puisse obtenir le visa pakistanais en renvoyant mon passeport en France. Quelle différence y a-t-il entre un français traversant le Pakistan avec un visa obtenu en France et un Français traversant le Pakistan avec un visa obtenu au Népal ? » « J’ai du travail qui m’attend, madame, au revoir » (la porte claque). Bilan de tout çà : à moins d’une idée géniale, d’un héritage imprévu (qui permettrait de payer soit la traversée de la Chine, soit un cargo), d’une intervention miraculeuse de Sarko ou Kouchner (quelqu’un aurait-il des relations ?), notre retour en France s’annonce difficile, voir impossible. Roland a le droit de traverser le Pakistan par la route mais n’est pas le propriétaire de Shere Khan (plaques françaises), moi j’ai les papiers pour le véhicule , mais pas pour la traversée …. et vendre le véhicule ici nous fait perdre la caution déposée pour obtenir le fameux carnet de passage. Choix cornélien, casse-tête impossible ? Il nous reste deux mois pour trouver une solution, je suis sûre que nous la trouverons.

centre katmanduPour nous détendre, nous visitons une partie du vieux Kathmandu et surtout Durbar Square. Des temples, des sculptures en bois, autant de témoins d’un riche passé culturel, malheureusement pas toujours dans le meilleur état.

Mercredi : nous récupérons comme prévu la lettre pour Roland et reprenons une de nos activités favorites : faire réparer Shere Khan. Cette fois-ci, il s’agit de modifier et de revoir le système de freinage à l’arrière suite à la pose des ressorts. Nouvelle journée garage donc …..je commence à parler le langage « garage » couramment et peut citer sans l’ombre d’une hésitation l’huile moteur utilisée, la fréquence des vidanges, la taille des pneus ou la capacité du réservoir, le meilleur endroit pour poser le cric et la charge de Shere Khan. Ce sont les garagistes français qui vont être surpris ! Jeudi, c’est Maha Shivaratri, une fête en l’honneur de Shiva et des milliers de pèlerins de l’Inde et du Népal affluent au temple de Pashupatinath (selon les différentes sources, entre 300 000 et 400 000). Pèlerins patients qui attendent des heures pour accéder au temple, pèlerins bousculés par les services d’ordre, pèlerins recueillis devant les ghats de crémations, sadhus honnêtes et sadhus mercantiles.

Festival Shiva

Comme en France, de nombreux commerçants rompent la trêve de ce jour férié, compromettant non seulement leur vie privée mais aussi celle de leurs clients.

Vendredi, retour à l’Ambassade de l’Inde pour 6 heures d’attente avant de récupérer 3 petits mois de visa supplémentaire avec en prime un chiffre de trop sur le numéro de mon passeport ; l’Asie semble tenir à moi! Nous faisons la connaissance de Gerdo et Tessa, couple hollandais, qui, après avoir économisé pendant 4 ans, s’est lancé dans un tour du monde de durée indéterminée, entre coopération et tourisme. Ces rencontres avec des personnes qui vont au bout de leurs rêves sont toujours passionnantes.

Samedi : Immersion dans le monde tibétain. Nous visitons Bodnath qui possède l’un des plus grands stupas du monde et est devenu un centre religieux pour une importante population d’exilés tibétains.

Stupa de Bodnath Bodnath

Autour du stupa, de nombreux gompas (monastères) et échoppes tibétaines. Il règne dans ce village une atmosphère très paisible et agréable, contrastant avec la frénésie de Thamel. A l’instar des tibétains et des nombreux moines, nous tournons nous aussi autour du stupa dans la sens des aiguilles d’une montre, entre moulins à prière et statuettes du Dhyani Bouddha Amitabha (au nombre de 108 = nombre de fois qu’il faut prononcer le mantra de Hare Krishna par jour – le monde est petit ).

Dimanche : l’Alliance française nous ayant fait gentiment savoir que notre présence devenait inopportune, nous déménageons à Bodnath sur un parking grand luxe, avec gardiennage, lavage de voiture, toilette et douches …… et les sourires et la bonne humeur népalaise en prime. Ai-je vraiment envie de rentrer ?
Lundi : cap sur l’Ambassade du Pakistan pour demander le visa de Roland et tenter ma chance. Nous sommes accueillis avec la plus grande des politesse, invités à une interview avec le chef du service consulaire qui déplore l’hostilité de la France envers le Pakistan. Et …. il nous promet DEUX visas pour mercredi !!!! Merci le Pakistan, merci la Suisse, le sauvage n’est pas toujours celui qu’on croit ! A notre retour sur Bodnath, le quartier est bloqué par une manifestation tibétaine en commémoration du jour anniversaire de l’annexion du Tibet par la Chine et en protestation contre l’organisation des jeux olympiques à Pékin. Certaines affiches annoncent l’organisation de jeux olympiques à Dharamsala. Nouvelle journée bouddhiste donc, toujours aussi agréable. Nous goûtons des thukpas (soupe de nouilles tibetaines ) et j’ose même une thé tibetain au beurre de yak (salé).
Mardi : visite d’un autre site bouddhiste : Swayambhutnath, surnommé Temple des Singes à cause de la tribu de singes qui a colonisé la colline.Un chemin de pèlerinage d’une heure entoure la colline, on peut y découvrir des statues impressionnantes.

Swayambhunath

Mais autant la vie au Nepal est agréable pour nous, elle est difficile actuellement pour les népalais; j’ai déniché dans la presse locale ce courrier des lecteurs qui résume joliment la situation. Voilà le Népal vu par une jeune népalaise : Thanks you God, thanks Mum. You gave birth to me in this beautiful country called Nepal. I feel I am a lucky person as I have gotten a golden opportunity to spend my life over there. My country is a country of various Gods and Goddess. It is the country of Lord Buddha, the founder of peace. My country is part of my own heart. Although it’s small in area and size, it’s definitively great in numerous things like natural resources, culture, traditions, music, art, and customs. It’s my pride.I love it very much. But unfortunately these all are words, which I used to sing with pride in my childhood. Nepal is a very small country in area, size, popularity, but not in population. I believe it’s the second richest country in water resources in the world, but also the only country which gives electricity to people by doing 36 hours of load shedding weakly. I also believe that it’s the only country which celebrates four days of strike every week. It is a counrty where we stay in line for 10 hours to fetch two litres of petroleum. Nepal is rich in water resources, but many people are dying of impure drinking water. It is a country with more leaders than population. It is a country with leaders who work only in sayings but not in practice, and has a habit of taking commission and extra payment before any work. I hope that in near future all these things may change. May all Nepalis get relief from all these problems and burdens. May Nepal go back to the days my grandma told me about. Let’s work hand in hand to build a new Nepal. Bikash Khadka – Rising Rays Boarding School, Kathmandu