Période du 13 mars au 24 mars
Météo : idéale – chaleur du soleil, fraîcheur de l’air (quelquefois extrême)
Ambiance : jusqu’à l’infini et au delà encore …

C’est un Shere Khan étincelant qui quitte Katmandou le 13 au matin. Nous laissons derrière nous avec quelques regrets l’ambiance si sereine du village d’exilés tibétains. Retour sur la principale route népalaise, la Prithvi Highway, avec en pointe un petit 40 km/h., ce qui laisse largement le temps d’admirer le paysage. Arrêt déjeuner dans le River Side Springs Resort, une halte de luxe. Voilà ce que cela donne quand on passe du Guide bleu au Lonely Planet !

Route vers Pokara

A Cheres, nous empruntons l’impressionnant téléphérique qui mène au Manakamana Mandir et parcourt pour cela un dénivelé de 1 000 mètres sur 2,8 km. Fruit d’une coopération austro-suisse ( nous ne pouvions manquer cela !! ), il donne un aperçu sur des pentes vertigineuses et une agriculture de montagne qui force le respect . Le temple en lui même est d’une grande simplicité, mais attire un flot de pèlerins ininterrompu. Dédié à Bhagwati, on lui prête le pouvoir d’exaucer les voeux, en particulier ceux des jeunes mariés demandant un héritier mâle. Viennent aussi beaucoup de couples avec des enfants en bas âge, sans doute pour remercier les dieux – les marchands vendent en dehors du traditionnel kit pour puja nombre de jouets plastiques à l’intention de cette jeune clientèle, dont des pistolets (cohérence avec le temple ??).
Et puis, sans doute encouragés par la récente rutilence de Shere Khan, nous décidons de faire une entorse à une de nos règles de conduite « la route principale tu ne quitteras point » et de partir à la découverte du village de Bandipur, niché dans les hauteurs à 8 km de la highway. Première surprise : un parking confortable nous attend à l’entrée du village. Deuxième surprise : en entrant à Bandipur, nous changeons de dimension temps . Aucune voiture, moto ou même rickshaw, route en pavés d’ardoise, maisons à l’ancienne avec des fenêtres en bois sculptés et des toits d’ardoise ; nous nous croyons revenus au Moyen Age.

Bandipur

Les habitants sont d’une gentillesse extrême. Seul le chant d’un coq, la virtuosité des grillons ou le rire des enfants jouant à la toupie viennent interrompre la quiétude de l’endroit. Un vrai bijou ! A la lumière d’une lampe à pétrole, je goutte une soupe locale – sorte de breuvage avec de vieux épinards séchés au soleil – masticage intense assuré sous les regards légèrement (franchement ?) ironiques des locaux.

Prochaine halte : Pokhara. Nous trouvons un emplacement de premier choix au bord du lac Phewa Tal, sous un arbre saint plusieurs fois centenaire. Devant nous, le lac, autour de nous, les montagnes de l’Annapurna. Nous sommes à deux pas de Lakeside, l’inévitable quartier touristique avec son lot de boutiques de souvenirs, agences de trekking, restaurants et « German Bakery ».Tous attendent des clients qui se font de plus en plus rares depuis les troubles causés par les maoistes. Première randonnée (en guise d’échauffement) pour découvrir la Pagode de la Paix, nichée sur une corniche au dessus de Pokhara et admirer la vue depuis les hauteurs. Je me fais doubler par des jeunes népalais portant des caisses de bouteilles de Coca et de Fanta en verre dans un panier en osier traditionnel, évidemment sans sourciller !

Vue Pokhara

Puis, chaussures de randonnée au pied, emmitouflés dans des vestes coupe-vent et de chauds polaires, équipés de lunettes de soleil, crème solaire, barres énergétiques et d’un solide sac à dos, c’est le grand départ pour un petit trek dans l’Annapurna. Pour commencer l’aventure, embarquement dans un bi-moteur à hélices 17 places en direction de Jomson. Nous volons au ras des montagnes, survolons des forêts de rhododendrons rouges, plongeons dans les trous d’air. Jomson: altitude 2 713 mètres, la fraîcheur de l’air est compensée par la chaleur du soleil.

Départ TrekTrekking

Nous prenons contact avec Kisna, le guide qui va nous accompagner pendant notre périple. Première destination : le village de Kagbeni. Nous longeons la Kali Gandaki, le paysage est désertique, le ciel bleu, l’air pur, le seul bruit celui de nos chaussures sur la piste. Les 10 km qui nous séparent de Kagbeni défilent à toute vitesse. Nous voilà déjà arrivés. Kagbeni : 2 810 mètres d’altitude, autant d’habitants que de poules, de chiens, de vaches et de mulets. C’est un village médiéval tout en bois, ardoise et pierre, habité par une ethnie d’influence tibétaine. Une fois de plus, le temps s’est arrêté.

Trekking

Le lendemain, c’est au saut du lit la montée vers Khingar à 3 200 m. Le souffle devient plus court, les foulées plus hésitantes ; les marchands de pommes juteuses et croquantes sur le bord de la piste sont les bienvenus pour justifier une petite halte et reprendre des forces. La montée continue, nous passons Jharkot à 3 500 m avant d’atteindre Muktinath à 3 710 m. Il était temps : mon regard avait fini par se limiter aux deux mètres devant moi, extrême concentration dans l’effort, corps en sueur, dents serrés, même plus la force d’admirer le paysage! Bonheur d’une douche chaude avant de partir s’extasier devant quelques sommets de l’Annapurna, raisons de tous ces efforts.

TrekkingTrekking

A la tombée de la nuit, parties de Yatzé et repas autour d’une grande table sous laquelle un brasero diffuse une douce chaleur avant de se coucher en même temps que les poules bien au chaud sous une épaisse couette (tout en gardant le polaire, on ne s’improvise pas montagnard du jour au lendemain). Le lendemain, visite du monastère de Muktinath où des pèlerins soutenus par leur foi viennent se laver sous l’un des 108 (eh oui, encore) robinets et d’un vieux temple abritant le feu éternel (émission de gaz naturel). Nous sommes hors du temps, loin du monde.

TrekkingTrekking

Retour sur Kagbeni, puis Jomson, heureux, mais fatigués (autour de nous, plusieurs trekkeurs souffrent du mal de montagne) – Kisna, lui, ne s’est pas départi de son sourire pendant toute la durée du trek et a rythmé nos pas de son sifflotement joyeux. Nous le recommandons d’ailleurs à toute personne voulant faire un trek. Son mail : kisnakpd@yahoo.com, il parle anglais et un peu allemand et fera de son mieux pour que votre trek soit une réussite.
Petit repos à Jomson avant une nouvelle séance bi-moteur pour retrouver Pokhara et Shere Khan – c’est la fête des couleurs et des enfants et adolescents lancent de la peinture sur les passants pour chasser les mauvais esprits. Bienvenus sur terre ! Lessive, courses, bain de soleil au bord du lac …. Pokhara tu nous tiens. Plus que Kathmandou, cette ville mérite un séjour, vous ne le regretterez pas !

Retour sur les routes en direction de la frontière, cette fois-ci sur la Siddartha highway. Notre vitesse de pointe descend à 30 km/h, la route n’est que virages, éboulement, et encore virages. De tous côtés, des pentes à couper le souffle et des champs en terrasse. Dernier arrêt népalais : Lumbini, depuis 1992, lieu de naissance reconnu de Siddharta ……, le Bouddha. Par un de ses hasards du voyage, nous faisons la visite le 24 mars, lundi de Pâques …. .

Lumbini

En fait de site, quelques ruines et un magnifique jardin, qui donne un échantillon de la richesse et de la diversité de la flore népalaise, vrai paradis pour le jardinier. Autour du site, un florilège de monastères bouddhiques de différentes provenance : Japon, Chine, Vietnam, Cambodge, Thaïlande, Autriche ….. et même la France. Nous retiendrons surtout celui de L’Allemagne, joyeux, coloré, bien agencé, une belle invitation à la méditation.

Lumbini

16h : passage de la frontière, nous retrouvons l’Inde, sa chaleur, ses moustiques et sa circulation.