21 Septembre
Météo : encore identique
Ambiance : encore troglodyte

Direction Göreme, carrefour des constructions troglodytes.

Capadocce

Ici, point de village rupestre, mais un village 100% orienté tourisme : parterres fleuris, prix en euros, cartes en anglais, bière et vin en vente partout. Je suis très déçue lorsque mon joyeux « merhaba » se heurte à un laconique « Hello » de la part des commerçants. Les paysages par contre ont vraiment de quoi surprendre.

Les enfants ont envie de lancer un concours sur la photo suivante : que représente pour vous cette image ?

Concours photo

22 Septembre
Météo : 29°C, nuit agréable
Ambiance : immensité anatolienne

Avant de quitter le coeur de la Cappadoce, nous faisons encore un petit détour par Mustafapasa, village encore grec jusqu’en 1923. Ici, rien de rupestre, mais un étalage de riches villas, pour la plupart en rénovation.

Pui, début du périple en direction de Malatya : encore des kms de bitumes, entrecoupés par des tronçons cahotants en travaux, des paysages désertiques qui s’étendent à perte de vue, toujours un peu les mêmes. Peu d’habitations, nous avons traversé deux villages sur 300 km. Nuit dans une station d’essence, le gérant nous offre des dattes et propose une partie de pêche à Roland.

paysage turc

23 Septembre
Météo : 29°C, nuit agréable
Ambiance : gâtée

L’immensité des paysages traversés nous lasse et nous laisse admiratif en même temps. Nous roulons et roulons encore. A l’occasion d’un bref arrêt au bord de la route, une paysanne qui nous observe de chez elle se précipite dans son jardin et nous ramène, hilare, un échantillon de sa production (poivrons, concombres, aubergines). Puis les constructions deviennent plus fréquentes, Malatya est devant nous. Direction supermarket pour des courses, un monsieur nous offrira un pain par la fenêtre pendant l’arrêt sur le parking, recherche d’un joli coin, CNED.

17 Septembre
Météo : Chaud le jour, très frais le soir
Ambiance : Turquie profonde

Sur la route qui nous ramène à Ankara, nous nous posons pour la soirée dans la ville d’Ayas, siège d’un centre thermal réputé. En fait, le centre thermal se situe à 20 km de la ville et nous nous aventurons dans une ville aux maisons vétustes installée au fond d’une cuvette (pente de 20% pour y accéder) pour laquelle le mot tourisme semble encore lointain. En cherchant un endroit tranquille pour la nuit, remontant l’autre versant de la cuvette, nous découvrons une immense cité en construction ….

cité construction

18 Septembre
Météo : identique

La ville d’Ankara se présente de nouveau devant nous, avec son nuage de pollution et ses km de zones artisanales et commerciales. Nous ne résistons pas à la tentation de nous arrêter au garage Ford (section camion). Nous y serons une fois de plus confrontés à une spécialité bien turque : pas de problème, on s’occupe de tout, mais sans notre vigilance, nous aurions maintenant des amortisseurs neufs, alors que nous venions tout simplement faire vérifier nos suspensions à air – comme nous avons failli repartir avec un engrais pour légumes en guise de sulfate de cuivre dans un comptoir agricole. Et puis, sans un détour, faisant fi des taxis nous dépassant sur notre gauche et des coups de klaxons impatients, nous retrouvons le calme de notre otopark et Mehmet et son sourire. Joie des retrouvailles. CNED.

19 Septembre
Météo : identique
Ambiance : studieuse, officielle, « routarde »

Jour J pour rechercher les visas indiens. Après une matinée studieuse, toute l’équipe se met sur son 31, direction l’ambassade de l’Inde : de magnifiques visas nous y attendent, d’une durée de 6 mois, à entrées multiples : plus rien ne peut nous arrêter maintenant ! Nous décidons de fêter dignement la fin de notre parcours administratif avec une « Sachertorte » dans la pâtisserie près de l’otopark, avec une pensée émue pour notre Nicolas resté en France et dont les gâteaux au chocolat sont un délice. Nous faisons nos adieux à Sony, sympathique gérant d’une petit supermarket, qui nous a prodigué de nombreux conseils judicieux dans un anglais impeccable. Nous avons découvert avec lui que les techniques commerciales ne connaissaient pas de frontières  : n’a-t-il pas essayé de nous tenter avec une promotion de dentifrice Signal lors de notre premier passage dans sa boutique et cela comme il nous l’apprendra plus tard pour remporter un challenge de sa direction ? Dernières accolades avec Mehmet et au revoir Ankara. Comme des centaines de camions, de cars et de voitures, nous empruntons la route en direction de Kirsehir, paysages désertiques, collines décharnées, km de bitumes qui défilent.

route désertique

Notre oasis sera une station d’essence, les voyageurs éreintés que nous sommes sont pris en charge par une équipe de routiers des plus sympathiques : cay à profusion, glaces pour les enfants, peluches pour Samuel et les filles, chapeau de paille pour Patrick, fauteuil massant pour Roland et moi. Très chaleureuse la soirée.

20 Septembre
Météo : identique
Ambiance : spirituelle, préhistorique

Nous voilà enfin en Cappadoce. Pour l’arrêt de midi, nous tombons sur la ville de Hacibektas, fief de Haci Bektas Veli, fameux penseur soufi du XIIVéme siècle à qui nous devons entre autre des paroles telles que : « Quoique tu cherches, cherches le en toi-même, ni à la Mecque, à Jérusalem ou à Damas » et « Assure l’éducation des femmes ». XIIV iéme siècle – sans commentaires …….

Puis direction Kaymakli et sa cité troglodyte. Nous nous offrons les services d’un guide pour parcourir des km de galeries souterraines qui se croisent, se superposent, s’enchevêtrent, un vrai labyrinthe pour nous, mais d’après le guide une construction parfaitement structurée avec allée centrale et allées secondaires, système d’aération non détectable de l’extérieur, évacuation et récupération des déchets.

Cité troglodyte

Date de première construction : 7 ème siècle avant J.-C, objectif : protection de l’ennemi. La peur fait faire d’étranges choses. Devant la cité, de nombreuses boutiques essaient de tenter les hordes de touristes que des cars viennent y déposer (environ 40 par jour). Petite promenade dans Kaymakli, un village rupestre (dixit le guide Arthaud). Pour la première fois depuis notre arrivée en Turquie, nous ne trouvons pas de cay pour cause de ramadan. Nous sommes frappés par le décalage qu’il y a entre les grands cars de tourisme déversant leur lot de japonais, grecs ou américains, appareils photos en bandoulière, et le dénuement du village.

Village troglodyte, salut

Résultat du concours photo : l’escargot se détache nettement du lot , trop de réponses de bourguignons ?

24 Septembre
Météo : toujours autour des 29°C
Ambiance : CNED et cay

C’est la journée récupération des cours du CNED. N’arrivant pas à joindre notre contact au téléphone, nous décidons de nous rendre directement à son entreprise pour prendre livraison de notre colis. Une fois de plus, nous y serons accueillis avec une cordialité extrême ; notre contact français étant en déplacement, le directeur insiste pour nous mettre en relation avec un ami maîtrisant parfaitement le français. Nous repartons donc non seulement avec 24 kg de cours (et il en manque encore !), mais aussi avec les coordonnées d’un point de chute à Malatya. 14H30 : Merdan vient nous rejoindre sur un parking et nous guide jusqu’à chez lui, nous offrant son hospitalité. Pendant que les enfants découvrent avec impatience (!) leurs cours du CNED version papier et font les premiers devoirs, Roland fait une cure de cay et papote, papote, papote, …. Le soir, Merdan récupère notre contact français, Jean-Claude, de retour de France, et la joyeuse équipe se retrouve autour d’une multitude de cay pour échanger sur l’état du monde.

25 Septembre
Météo : 30° C
Ambiance : garage

Ayant confié nos différents soucis mécaniques à Merdan, il contacte un ami garagiste, parlant lui aussi couramment français. Shere Khan se retrouve maintenant entre les mains d’un expert turc et tous nos petits soucis mécaniques trouvent comme par enchantement une solution. Il manque une pièce ? Direction l’atelier voisin qui fait un petit réglage sur sa machine et fabrique le boulon en question. Une pièce à souder ? Un autre atelier est appelé à la rescousse et donne un aperçu de son savoir-faire. Bref, la Turquie est le paradis du bricoleur.

26 Septembre
Météo : 30°C
Ambiance : événementielle, historique, ….

Alors que Mathilde et Sarah font avec application leurs premiers devoirs, que Samuel a enchainé deux séances de mathématiques, que (même) Patrick jongle avec les sciences économiques, alors que nous revenons les bras chargés de victuailles pour préparer une joyeuse pitance, Roland, notre roc d’optimisme, que rien, ni les routes albanaises, ni les sempiternelles fuites, ni la mauvaise humeur de madame, ni les chahuts des enfants n’a pu ébranler, notre Roland, devant une petite, minuscule, insignifiante étincelle qui lui résiste, notre Roland disjoncte ! A défaut de petite étincelle, un feu d’artifice …. nous n’en demandions pas tant ! La journée sera marquée par ce seul évènement.

27 Septembre
Météo : 30°C
Ambiance : écolière

Avant fait le plein de sulfate de cuivre grâce à l’aide de Merda, nous laissons Malatya derrière nous. Notre route nous mène à Elazig aux alentours de midi et nous sommes surpris par le nombre incroyable d’écoliers et de lycéens dans les rues. Les trottoirs grouillent de jeunes dans les uniformes les plus diverses …. pendant un instant, nous avons l’impression d’être arrivés dans une ville gouvernée par les jeunes. Par ailleurs, la ville nous surprend par ses aménagements paysagers très verdoyants, tout à fait surprenant après la grisaille des dernières villes traversées. Très agréable.

28 Septembre
Météo : 28°C
Ambiance : montagnarde

Une fois de plus, nous nous retrouvons dans des régions désertiques , nous serpentons sur des hauts plateaux à des altitudes entre 1 500 et 2 000 mètres d’altitude.

Proche frontière Iran

Sur les collines, de nombreux troupeaux de moutons et de vaches, aux abords des routes, des ânes, ânesses, ânons. Les rares villages sont d’une extrême simplicité mais parfaitement bien entretenus, les maisons sont en pierre et en terre, les champs clôturés de fils barbelés (signe de richesse ? ); les regards se font un peu plus hostiles. Nous sommes arrêtés deux fois par des barrages de jandarma (gendarmes = armée) ; militaires lourdement armés dans des cabines grillagées et protégées de sacs de sable. La région est un haut lieu de résistance du PKK. Les garçons sont très impressionnés. Nous décidons quand même de rallier Erzurum pour la nuit.

29 Septembre
Météo : 26°C le jour, 5°C (?) la nuit, vent
Ambiance: CNED, ramadan

Tranquillement posés sur le parking du Migros (chaîne suisse) d’Erzurum, nous décidons de faire une halte CNED avant de rallier l’Iran. Erzurum est encore une ville qui nous surprend : à l’entrée, nous apercevons des maisons en terre avec les tas de bouses de vaches en pyramide;

Village rustique

au centre ville, une boutique Cacharel côtoie un Levis-store (vérification faite : avec les mêmes prix qu’en France). Et puis nous assistons à un phénomène des plus surprenants : aux alentours de 18h, les magasins se vident de leurs clients, les rues de leurs voitures et taxis et à l’annonce de la fin du ramadan, il n’y a plus personne : une ville de plus de 400 000 habitants devient ville morte, pas un bruit, pas un passant, pas une voiture, …. sauf un petit Shere Khan qui jubile à pouvoir ainsi circuler en toute impunité pour aller faire ses vidanges. Et vers 19h, la vie reprend. Le soir, nous découvrons le vent des steppes, vent froid, vent permanent et qui redouble encore de puissance la nuit : Shere Khan tremble sur ses bases.

30 Septembre
Météo : très froid à l’ombre, agréable au soleil
Ambiance : bazar

Pour nous préparer à l’entrée en Iran, nous partons à la recherche de tenues respectables et de foulards. Dédales de bazars, boutiques chics, nous picorons un peu partout – les écarts de style et de prix sont importants. Pas un seul Kebab n’est ouvert, mais les pâtisseries exposent de somptueux gâteaux en vitrine et doivent donner des crampes d’estomac aux habitants. Dans les magasins, il y a foule; nous apercevons de plus en plus de femmes entièrement voilées, les hommes égrainent leur chapelet.

Nos foulards en poche, cap sur la frontière. Arrêt du soir à Horasan, nous arrivons aux alentours de 18h, donc ville morte, station d’essence fermée …. on connait maintenant.

Petit bilan : 107 271 km au compteur, 350 l de gazole, un mois pour traverser la Turquie d’Ouest en Est. Au fur et à mesure de notre progression, le nombre de femmes voilées augmente, le respect du ramadan devient plus strict, mais nous rencontrons une même hospitalité et un même plaisir de rendre service partout. Du côté des enfants : les enfants ont été assez agréablement surpris par la Turquie. Par contre, la mise en place de la scolarité avec le CNED s’avère difficile et nous n’avons pas encore trouvé le rythme optimal entre tourisme, route et travail scolaire. Du côté de moi : je pensais naïvement qu’à enchaîner les km, je laisserais derrière moi mes travers, rancoeurs et angoisses, m’allégeant au rythme des km parcourus. Que nenni !Il reste encore des territoires importants à défricher de ce côté là. La cohabitation avec les enfants sur un espace restreint s’avère une belle expérience, nous vivons un peu plus « ensemble » et un peu moins simplement les uns à côté des autres.