1 Octobre
Météo : 27°C
Ambiance : impatience

Dernière ville turque avant de nous présenter à la frontière iranienne.

Sortie Turquie

Encore et toujours des collines désertiques, des villages rupestres (avant de devenir les écomusées de demain ? ),le vent et la poussière. 16H45, nous présentons nos papiers aux douaniers turcs, puis aux douaniers iraniens ; 17h45 nous sommes en Iran.Sarah

Entre les deux, plusieurs personnes proposent leurs services contre espèces sonnantes et trébuchantes : changement d’argent, guidage à travers les dédales de la frontière, …..Nous avons maintenant 10 jours (durée de nos visas) pour traverser ce pays. Nous abordons notre première ville iranienne à la tombée de la nuit : les maisons sont en briques, les illuminations nombreuses, les femmes toutes en noir. Une première opération recherche de pain se solde par un échec, mais un habitant aura pitié de nous et nous offre le sien. Habitués à la gentillesse des turcs, nous sommes à peine surpris ; point méfiant non plus quand un iranien nous propose gentiment ces services pour nous guider jusqu’à un parking. Grande déception en découvrant qu’il s’agissait de nous rabattre sur le parking d’un hôtel : à 10 dollars la nuit, nous avons décliné la proposition. Nous nous ferons quand même piéger par un parking à la sortie de la ville, dont on nous assure la gratuité pour mieux nous tendre la main ensuite. Mitigé, l’accueil iranien.

2 Octobre
Météo : très chaud sous le manteau et le foulard
Ambiance : moral en baisse

Direction Tabriz : routes en excellent état, deux, voir trois voies. Contrôles de vitesse extrêmement fréquents. La route traverse une gigantesque plaine souvent verdoyante, bordée de collines et de montagnes aux pentes douces.

Toujours une intense activité d’élevage, de nombreux champs sont en culture. Les villages sur les flancs des collines sont des regroupements de maisons en terre et de tas de paille.

village iran

Les bords de route regroupent des vendeurs de chips et de cola iranien (à ce point de notre parcours, force est de constater que la chips semble être avec le Coca et le thon la denrée la plus mondialisée) et des ateliers en tout genre. A l’entrée de Tabriz, nous nous mettons à la recherche d’une station d’essence …. et c’est là que les ennuis commencent. 1ère station : plus de diesel, la recherche d’une seconde station s’avère un réel jeu de piste. Deuxième station : pas de diesel, l’inquiétude monte à l’intérieur de Shere Khan. Troisième station : idem. C’est le moment que choisit  Shere Khan pour tomber en panne:  réservoir vide, refuse de repartir. En bref, la suite des évènements : les iraniens se précipitent pour nous aider à pousser Shere Khan hors de la voie (et avoir accès aux pompes !!), un iranien serviable emmène Roland remplir notre jerrican dans un entrepôt (diesel offert), des iraniens affluent de tous les côtés pour mettre la main à la pâte. Devant l’inefficacité de leurs efforts (connaissent pas les voitures diesel ici) nous faisons appel à notre conseiller mécanique première classe en France, Sébastien, qui nous explique les manipulations à faire par retour de SMS….. encore faut-il les expliquer à la multitude de mécanos en herbe qui s’affairent et qui ne veulent pas voir Roland s’en mêler ! Deux heures plus tard, le moral des troupes est plus bas que zéro, Sarah réalise un joli dessin de soutien (« Alors que tout est moche, Shere Khan met la vie en rose ») et notre fidèle compagnon accepte de redémarrer. Un iranien nous guide jusqu’à une autre station sensée délivrer du diesel …. espoir encore déçu, une livraison doit arriver le lendemain …. nous dormons sur place pour être sûre d’être servi. Dans l’histoire, nous avons quand même grillé quelque chose, car maintenant Shere Khan, même quand on enlève la clé du contact, ne s’éteint plus. Il va sans dire que dans ces conditions nous n’avons que peu gouté aux charmes de Tabriz et fait une impasse sur les ruines de la Mosquée bleue.

3 Octobre
Météo : toujours chaud sous le voile (et dire que les autres femmes sont en noir !)
Ambiance : on the road ….

Cap sur Téhéran. La route est toujours aussi belle et droite, les policiers aussi vigilants pour surveiller les excès de vitesse, les voitures aussi peu nombreuses et les stations d’essence aussi rares. La plaine prend de l’ampleur, l’air est sec et chargé de poussière. La recherche de diesel est LA préoccupation du jour ; une longue file de camion désigne la perle rare ….. les iraniens sont galants et nous laissent passer devant, merci.
Journée km de bitume sous l’attention joviale et hilare d’un iranien qui s’est pris d’amitié pour nous et nous escorte avec sa camionnette (et nous offre des pommes et du châi).

4 Octobre
Météo : chaud
Ambiance : capitale, bouchons et pollution

Arrêt à Téhéran pour essayer de comprendre d’où vient notre problème électrique : aurons droit à une glace chacun, un nettoyage du filtre à gasoil, un changement du filtre à air, mais point d’électricien ; iraniens très gentils, peut-être un brin têtus des fois. Conduite folle dans les rues de la ville, mettrons deux heures pour en sortir, nombreux panneaux pour indiquer la mosquée la plus proche, mais aucun pour donner les principales directions. Pas le temps de s’arrêter dans un internet café, ni de visiter.

5 Octobre
Météo : sec et chaud
Ambiance : désert et pétrole

Nous progressons de station d’essence en station d’essence ( à 1 dollar le plein ). Région désertique oblige, certains robinets délivrent de l’eau salée, à la recherche de diesel vient donc s’ajouter celle de l’eau. Nous nous autorisons un bref arrêt à Ispahan, ville réputée pour ces nombreux monuments (et encore une fois pas pour sa signalisation), pour jeter un coup d’oeil au palais royal, au mausolée et aux mosquées attenantes.

IspahanIspahan 2

Roland découvre que nos soucis proviennent d’un faux contact dans notre séparateur…

6 Octobre
Météo : rêve de piscine
Ambiance : achéménide

Objectif du jour : Persepolis. Sur la route, nous sommes un divertissement bienvenu pour les policiers, qui, à défaut d’excès de vitesse, nous arrêtent pour prendre de nos nouvelles avec un grand sourire. Nous serons quasiment seuls pour visiter Persepolis, Patrick est enthousiaste

Persepolis

et un joli lézard arrive même à tirer un sourire à Mathilde.

lézard

Passage très rapide dans la ville de Shiraz, nous regrettons de ne pas avoir le temps de nous arrêter : la ville brille de mille illuminations, des fontaines féériques décorent certains rond-points, beaucoup de jeunes dans les rues et un peu moins de tchadors.

7 Octobre
Météo : de plus en plus sec
Ambiance : des km plein le dos

De mirages en mirages, nous traversons les déserts iraniens en direction de Kerman.

désert iranienDésert Iran

Sur les routes, les policiers continuent d’apprécier notre compagnie et sont toujours aussi aimables. A Kerman, nous parcourons une fois de plus la ville d’Est en Ouest et du Nord au Sud à la recherche de diesel; en fin de compte, échoué devant une nième station qui ne délivre que de l’essence, des habitants viennent à notre secours et nous guident jusqu’à leur garage pour nous offrir le plein de diesel et d’eau. Séance photo et sourires chaleureux. Nous passons la nuit sur le parking d’un restaurant, à bavarder autour d’un châi; le personnel nous met en garde contre les trafiquants dans la région de Bam et de Zahedan.

8 Octobre
Météo : chaleur, chaleur, chaleur
Ambiance : signes du destin

Traversée de la ville de Bam : nous n’osons pas nous arrêter devant l’état de désolation de la ville : les traces du tremblement de terre de 2005 sont omniprésentes, la plupart des maisons sont en ruine, certaines routes sont des pistes chaotiques. A la sortie de Bam, la station d’essence est sous la surveillance de militaires. Comme les civils, ils nous permettent d’accéder directement aux pompes et devant les yeux ébahis des enfants, un militaire offre une bague à Roland. Passage à Zahedan, Roland arrive à dénicher un électricien, magicien de ces mains , qui nous répare notre boitier électrique fondu, le tout une fois de plus gracieusement. Dans les rues, l’ambiance commence à changer : les tenues des filles prennent de la couleur et les hommes portent la tunique. Le soir, nous dormons à un poste de contrôle de la police, sous la garde de militaires armés de Kalachnikov. Nous nous sentons parfaitement en sécurité.

9 Octobre
Météo : ensablée
Ambiance : administrative, « Laurence d’Arabie »

A 40 km de la frontière, un poste de contrôle nous impose un jeune escortboy militaire. En échange de la bague reçu par le militaire à Bam, il nous permettra de passer sans encombre et sans attente la frontière iranienne …. il n’y a pas de hasard ! L’entrée au Pakistan se fera avec le sourire, dans un poste frontière balayé par le vent du désert. Et puis, ce sera le vrai désert, les dunes, le vent, les chameaux, les ornières de sable, le vide.

Premier check point du désert, les policiers nous offre un  châi pakistanais, délicieux. Petites courses dans le village de Nok kundi, les denrées sont très rares, les enfants s’agglutinent autour de Shere Khan. Arrêt dans le poste de police gardé pour la nuit. Alors que nous calfeutrons portes et fenêtres contre le vent et le sable, des pakistanais viennent nous déposer des plateaux chargés de délices : poulet, chapatis, galettes de pommes de terre, dhal, fruits, …..après la fatigue de la route, c’est une explosion de joie et un vrai régal ! Sympa, le Pakistan .

Bilan de la traversée de l’Iran : nos soucis mécaniques, les problèmes de ravitaillement en diesel et la courte durée de nos visas ne nous auront pas permis d’apprécier l’Iran à sa juste mesure. Malgré les tenues des femmes, nous avons ressentis l’Iran comme beaucoup moins « musulman » que l’Est de la Turquie. La population est extrêmement serviable et accueillante. Il faudra revenir ….