Inde : derniers jours
Pakistan : période du 23 avril au 8 mai
Météo : de caniculaire à agréable
Ambiance : attente, administration, amis

21 Avril : nous quittons Chandigarh direction Amritsar. En route, nous croisons 3 drive-in Mac Do – nous sommes bien sur le chemin du retour ! Dans les champs, le blé attend les moissons. A Amritsar, nous installons Shere Khan au « Mrs Bandharis Guesthouse », lieu privilégié des overlanders, des stars hollywoodiennes et des officiels de tous pays. Il s’agit d’anciens bâtiments de l’armée, tout en brique rouge, comprenant des jardins fleuris, un potager, une étable pour proposer du lait frais le matin et surtout une piscine, à laquelle nous consacrons la plus grande attention pendant une dernière journée de repos avant le Pakistan. La température est autour de 38°C.

23 Avril : Whaga Border, nous voilà. Les formalités sont rapides, les douaniers vérifient consciencieusement que nous n’avons pas dépassé les 180 jours en Inde et s’inquiètent du nombre de châles et de pashminas que je ramène. Joli sourire et livret de famille à l’appui, j’arrive à les convaincre aisément que tout cela n’est bien que pour une utilisation familiale. Au revoir, Inde ; j’ai l’impression que nous avons été portés à travers ce pays de rencontres en rencontres, tel accueil chaleureux compensant telle entourloupe douteuse, la sympathie et le coeur l’emportant sur le reste. Et je garde le souvenir de ce merveilleux petit garçon sourd-muet aux yeux étincelants de joie , ameutant tous ses amis pour leur montrer ces étrangers qui se sont arrêtés au chai-shop de son père.

Pakistan, nous revoilà ! Premier arrêt à Lahore sur le parking gardé et gratuit du Pearls Continental. Programme : banc à l’ombre, boire, banc à l’ombre, boire. Le lendemain, nous empruntons la MP2, autoroute moderne à 3 voies, sans vaches, sans rickshaws, une autoroute, quoi, avec un péage et des radars.

Autoroute PakistanA ce rythme, nous mettons 5 heures pour avaler les 340 km qui nous séparent d’Islamabad.

 

 

 

Dans les champs, c’est l’heure des moissons, tantôt à la moissbatt, tantôt à la faux. Je vois des femmes en tchador noir ramasser de la paille en plein soleil – ma sueur me paraît dérisoire. A Islamabad nous attendent le camping de la ville ( avec toilettes, douches et même l’électricité) et d’autres overlanders : les « Tinacoli », en route en Iveco avec leur chien, et Laure et Freddy, en camping car Mitsubishi de 23 ans, avec lesquels nous avions déjà échangé des bons plans sur le net. Tous attendent leurs visas pour l’Iran. Il y a aussi un courageux couple espagnol en vélo qui vient nous faire admirer sa dernière acquisition, un tchador « spécial cycliste ».

Laure et Freddy

Et recommence la valse des visas. Appelé le jeudi, notre contact à l’ambassade iranienne de Delhi nous demande de le rappeler lundi. L’attente se poursuit. Heureusement, les arbres du camping sont grands et distribuent généreusement leur fraîcheur et le papotage avec les autres overlanders va bon train – les anecdotes sont nombreuses. Samedi, nous partons avec Laure et Freddy dans nos bagages en direction de Peshawar en zone tribale. Peshawar : ville traditionnelle, ambiance « pachtoune », petites ruelles, multiples échoppes d’artisans les plus divers, thé vert à tous les coins de rues, peu de femmes, la plupart en burka. Partout fusent des sourires et de joyeux « How are you ?». Un habitant de la ville s’improvise notre guide, nous fait découvrir le restaurant local (ravagé il y a un an par une bombe parce que son propriétaire n’avait pas respecté le code d’honneur « pachtoune »).

Restaurant Peshawar

Le soir, nous sommes spectateurs privilégiés d’un des premiers concerts pop-rock de la ville sur le parking du Pearls Continental. Dimanche, nous retrouvons Islamabad et son camping. Lundi, notre contact iranien nous informe qu’il n’y a toujours pas de réponse de Téhéran (lire entre les lignes : oublié d’envoyer le dossier, dossier perdu à Téhéran , ???) , mais promet de transmettre tous les éléments en sa possession à Islamabad. Mardi, premier contact avec l’ambassade iranienne sur place qui nous invite à l’appeler tous les jours pour prendre des nouvelles. Bref, c’est la poisse, c’est l’impasse, nous devons attendre un dossier sans doute perdu !! C’est alors que grâce au bon génie des voyageurs, nous croisons un jeune français qui nous donne le mail personnel du chargé des visas. Je rédige dans mon plus bel anglais une demande d’assistance et d’aide – sans le savoir, je viens d’activer le code d’honneur de la région (« ce n’est pas la procédure officielle, mais comme vous vous êtes adressé à moi personnellement, je vous dois assistance ») et en moins d’un jour nous obtenons, moi, un visa de transit de 7 jours et Roland, un visa tourisme de 15 jours. Pourquoi, cette différence? Encore une sombre histoire de lettre de recommandation, dont Roland a obtenu une copie avec les recommandations particulières de la vice-consul , alors que les portes de l’ambassade de France se sont fermées dès l’annonce de l’objet de ma visite !! Nous fêtons notre départ avec les autres hôtes du camping (au coca et à la bière sans alcool).

1 Mai : nous reprenons la route en compagnie de Laure et Freddy. Autoroute jusqu’à Faisalabad , puis 3 heures de recherche d’un parking, le seul hôtel avec parking nous refusant son hospitalité – nous finirons sur le parking d’un hôpital. La chaleur devient difficile à supporter, le soir, il fait toujours plus de 42 °C et Shere Khan semble décidé à jouer dans la catégorie sauna. Le lendemain, errance sans autoroute jusqu’à Multan – cette fois-ci, le parking de l’hôtel de luxe ne peut pas accueillir les véhicules de plus de 6 pieds de haut, mais nous avons de la chance. Un pakistanais d’origine allemande tombe en émerveillement devant les plaques allemandes de nos amis français et nous invite tous dans sa maison. Nous délaissons pour quelques heures nos compagnons à 4 roues pour des pièces avec ventilateurs et de longues douches froides. On nous proposera aussi le dîner (des pâtes et du riz qui mettront 5 heures à arriver – 5 heures pendant lesquels nous discuterons avec ce qui semble être des hommes d’affaires avisés – mais qui nous laisserons pas de carte de visite – ce qui nous assurera encore plus d’heures à imaginer les scénarios les plus rocambolesques quand au véritable objectif de cette invitation). Le lendemain, direction les montagnes, les paysages changent (++), l’état des routes aussi (–). Roland apprécie le soutien des autres camionneurs qui lèvent le pouce à notre passage (bravo parce que nous sommes étrangers ou solidarité entre conducteurs sur routes difficiles ? ). Shere Khan se couvre de sable, à l’extérieur, à l’intérieur, dans les placards, les habits, partout ….

Route PakistanRoute Pakistan

Arrêt au poste de police de Rakhni où nous nous apercevons que notre troisième réservoir d’eau est de nouveau en train de se faire la malle – il semble écrit que pour nous, Pakistan et eau ne font pas bon ménage ! Reprise de la route direction Lorelei (nous, les filles, nous avions opté pour cette route parce que nous trouvions le nom charmant ! ), cela secoue toujours dur, très dur, mais la chaleur se fait moins pesante et il y a la beauté sauvage des paysages.

Paysage Pakistan

A partir de Lorelei, l’état des routes s’améliore ce qui nous vaut le plaisir de retrouver des escortes policières … et puis le petit van de Laure et Freddy se met à faire un drôle de bruit et s’arrête. En moins de temps qu’il faut pour le dire, l’escorte fait venir un mécanicien – verdict : l’alternateur. Sans frein et avec un moteur dont le radiateur se met à bouillir, nos amis arrivent à rallier le prochain poste de police, où Freddy bénéficie de l’aide d’un employé du gouvernement qui l’emmène dans son propre véhicule direction Quetta et un garage capable de faire les réparations. Nous suivons avec Shere Khan, … sur la route, des policiers offrent des roses à Laure.

Policier rose Laure

Parking à l’hôtel Bloom Star – le lendemain, l’alternateur est réparé, nos visas prolongés, l’ange gardien de Laure et Freddy leur organise un taxi pour retrouver le petit Van que Freddy répare en un tour de main. Le soir, nous voyons arriver notre ami Frank – lui vient de faire ressouder son châssis. Joie des retrouvailles entre histoires de mécanique. Nous décidons de continuer la route ensemble, mais de nous octroyer d’abord une journée de repos avant la difficile traversée du désert. Le repos se prolongera, un incident éclate dans le bazar le 7 et tous les commerces de Quetta ferment – on nous conseille de profiter en toute tranquillité du jardin de l’hôtel en attendant le retour au calme … ce que nous faisons de bon coeur.