Inde : période du 14 au 24 février
Népal: période du 24 au 29 févrierMétéo : 24 °C – puis 4°C ; soleil et grêle.
Ambiance : Darjeeling – what else ! Grèves, tension et nouveauté.

Suite de la progression vers le Nord. Le riz reste la culture dominante et mobilise les forces de tous, les hommes à la charrue, les femmes au repiquage et les enfants à la préparation des pousses. Les bouses de vaches séchées sont partout et donnent lieu à un festival de créativité. Elles se trouvent sous forme de galettes sur les troncs des arbres et les murs des maisons, sous forme de longues brochettes ou sous forme de tours de boudins.

Champ de rizBouses de vaches

Les tas de paille imitent toujours autant la maison du célèbre conte. Le cheval fait son apparition en tant que bête de trait. Les routes demeurent des pistes lisses entrecoupées de nid de poule avec de nombreuses déviations dues à la construction d’une future autoroute. Souvent, ce sont des femmes et même des enfants qui travaillent sur les chantiers en transportant sur leurs têtes des paniers de sable ou de pierre; nous avons vu des hommes travailler en tongue sur le goudron encore brûlant, d’autres casser des pierres à coup de marteau.

Travailleurs route

Le 16, nous atteignons Siliguri et commençons l’ascension des contreforts de l’Himalaya. 3H30 de lacets pour rejoindre Darjeeling à une hauteur de 2 200 mètres. Au bord de la route, les villageois, emmitouflés dans leurs anoraks, nous saluent joyeusement. Les plantations de thés disparaissent malheureusement dans une épaisse brume, seules les pentes vertigineuses de part et d’autre de la route s’offrent à notre regard. A notre arrivée sur Darjeeling, nous nous précipitons sur nos malles pour sortir et surtout enfiler pantalon, chaussettes, pullover, veste, gants … allez, encore une petite écharpe pour compléter le tout. C’est que nous sommes partis de Siliguri en T-shirt et tongue et que Darjeeling nous accueille avec 5 petits degrés! Nous avons beaucoup de chance et trouvons une place de parking pour nos deux camping-cars (celui de Frank et le notre) devant l’hôtel Mount Everest récemment parti en fumée. C’est au calme et sur le plat, une situation très exceptionnelle dans cette ville !

Camping car x 2

A partir de là, notre vie à Darjeeling s’organise tout en douceur dans l’attente d’une percée du soleil pour admirer le panorama. Première expédition décevante à 4h du matin sur le Tiger Hill ( 2 534 m), LE point de vue à ne pas manquer; nous ne pourrons qu’admirer le levée du soleil au dessus de la brume.
Nous élisons domicile au Glenary’s, le café renommé de la ville qui propose des pâtisseries bien anglaises (muffins, scoones, cakes de tout genre ….. ) ainsi qu’une connexion internet, le tout dans une véranda ouverte aux courants d’air (donc à moins de 10 °C). Nous voilà tous les trois avec 4 pulls, une écharpe et un bonnet à pianoter sur nos claviers et pour nous réchauffer, nous entreprenons des « petites » promenades (pentes jusqu’à 60 %) dans la ville pour admirer ci une maison, ci un monastère bouddhique,

temple bouddhique

le tout entrecoupé d’arrêt dans divers salons de thés/de cafés de la ville. La température est la même à l’intérieur et à l’extérieur (autour de 11 °C le jour) ; ainsi, le comble du luxe est de retrouver le soir un Shere Khan qui affiche joyeusement et fièrement 14, voir 15°C !

Pour pimenter notre séjour, une grève générale éclate le 20, réclamant l’indépendance du Gokahrland. Darjeeling devient ville morte et absolument tout est fermé : café, restaurant, hôtel, magasins, service de taxis et de bus, des barrages bloquent les routes d’accès. Repli dans Shere Khan pour des parties de dés avec Frank, la brume va bien finir par se lever ! Dans la nuit du 20, notre bouteille de gaz nous lâche – nous voilà à égalité avec les habitants de la ville – et le lendemain, enfin le panorama tant attendu. Il était temps !! Promenade au pas de course vers un des points de vue

Darjeeling3 amis

puis lente descente vers Siliguri. Notre statut de touriste nous permet de passer sans encombre les barrages, les manifestants nous offrent même un drapeau, nous venons peut être d’assister à la naissance d’un nouvel état. A Siliguri, nous atterrissons sur le parking du temple ISKCON (International Society of Krishna Consciousness); les prochains jours « Hare Krishna » bercera nos nuits et nos réveils. Un culte certes joyeux mais surtout extrêmement bruyant. Pour rendre justice à nos hôtes, nous apprendrons à travers des discussions que danse et chant ne sont qu’une partie de leur activité, l’essentiel étant consacré à la distribution gratuite de repas et à l’éducation des enfants. Siliguri se révèle une ville difficile : nous passerons une journée à dénicher une nouvelle bouteille de gaz (finalement gentiment « cédée » par l’intendant du temple Iskcon), une autre à résoudre un problème de téléphone – les cafés confortables et l’ambiance joyeuse de Darjeeling nous manquent.

Le 24, c’est l’heure de la séparation : Frank continue vers l’Est pour rejoindre l’Assam et essayer d’entrer en Birmanie, nous mettons le cap sur le Népal.

Ambiance : Kathmandou, destination impossible ??

Obtention rapide du visa à la frontière, les officiels nous assurent que nous arriverons à rejoindre Kathmandou malgré les troubles récents. Premiers 70 km sous escorte policière, puis nous continuons tout seul sur la « Mahendra Highway » . Les véhicules à moteurs sont très rares, les signes des troubles encore bien présents et nous contournons tant bien que mal les arbres couchés en travers de la route et les barrages de pierre. Sur les bords des routes de nombreux militaires armés, tous nous saluent d’un signe amical. Nous constatons la simplicité des villages que nous traversons.

Village Népal

Et puis le 26, les ennuis commencent. Le boudin droit de notre suspension à air se fissure, impossible de continuer à rouler sur les pistes cahotantes qui s’ouvrent à nous. Direction un « garage », une équipe de solides et souriants gaillards va s’acharner à colmater la fuite, la réparation cède après quelques kilomètres, retour au garage, les esprits s’échauffent. Réconciliations, nous sommes invités à diner ; au fourneau, un des mécanos, qui mélange gentiment le riz dans nos assiettes avec ses mains avant de nous servir …. il va sans dire que toute la bande de solides gaillards épie la moindre de nos mimiques pendant que nous dégustons ce dîner gracieusement offert (à la lumière de la bougie, car dans la région à partir de 17h , c’est coupure d’électricité – elle ne revient que vers 20h30 pour le programme TV du soir – pas con le gouvernement). Dans ce village, nous faisons aussi la connaissance de Naiyar,

Enfant Népal

petit gamin de 8 ans qui sera notre interprète auprès des villageois, me montre fièrement son cahier d’écolier – s’il est premier de sa classe l’année prochaine, son tailleur de père lui a promis un ordinateur – et rêve d’un avenir glorieux en tant que propriétaire d’un atelier de mécanique. 70 km plus loin, nouvelle fuite dans le boudin de la suspension, cette fois-ci prise en charge par une autre sympathique équipe de gaillards de Hetaura. Nouvelle journée à arpenter les ateliers, chacun y va de sa solution. Re-départ, et rebelote en panne 11 km plus loin. Retour à Hetaura, rencontre d’une nouvelle équipe, nous décidons de faire remplacer les suspensions par des ressorts. Y en a marre à la fin ! Nouvelles journées d’atelier, des ressorts tout beaux (origine non identifiée, montage système D ); maintenant, il ne reste plus qu’à attendre le retour du diesel dans les pompes (fin de la grève) pour rejoindre Kathmandou. Il y a des jours je me demande quel mauvais esprit a décide de nous taquiner de la sorte, quelles leçons nous allons bien pouvoir tirer de tout çà.